Sentier du Levadon
En 1905 Le dictionnaire du Rhône
Médiéval nous apprend que l'existence des levades ou levadons remontent
à plusieurs siècles. Ouvrages presque titanesques ils servaient à
protéger les terres et les habitations des violentes crues du fleuve
roi. Aramon, comme toute la basse vallée du Rhône, était protégé par
ces ouvrages. Déjà en 1517 les archives du village parlent de la
"chaussée vieille" qui allait globalement de la Bastide Vieille au pont
de chemin de fer de la "Gendarmerie", suivant à peu près le parcours de
l'actuelle route de Théziers. Il semblerait d'ailleurs qu'à l'époque le
Rhône s'étendait jusqu'à St Bénezet. Une autre chaussée s'élevait en
ligne droite d'à peu près le Mas du Lapin actuel jusqu'à la même
Bastide Vieille. Enfin, plus tard, on éleva en 1756 la dernière chaussée, celle qui aujourd'hui longe la Centrale EDF jusqu'en limite du territoire de Vallabrègues.
Du Planet, place centrale d'Aramon, nous gravissons les escaliers qui nous conduisent sur le Quai Carnot. Il est assez difficile de s'imaginer qu'il y a encore un demi-siècle c'était là les confins du village. La digue formait une solide muraille qui protégeait Aramon des eaux. Au-delà c'était le fleuve avec l'Ile de Carlaméjean, propriété du Marquis d'Aramon. A l'opposé des escaliers, se trouvaient les restes d'un quai de déchargement, aujourd'hui situé sous
2m
de remblais. La rampe caladée sur notre droite y conduisait. Evidemment
le passage sous la digue, ouvert dans les années 1980, n'existait pas,
il permet aujourd'hui de relier le centre du village au plateau sportif
et au collège. De ce bras mort du Rhône depuis le XIX° siècle, il
subsistait en été une immense étendue d'eau plus ou moins saumâtre, nid
d'odeurs et de moustiques qui portaient la population à manifester
contre ces nuisances auprès des autorités..
On retrouve la trace de la construction de cette digue dès 1596. Auparavant c'était les maisons qui protégeaient le village des crues, en installant des batardeaux aux ouvertures (!). Mais la construction de chaussées plus hautes en rive gauche, côté Empire obligea les aramonais à renforcer leur protection. Comme quoi la hauteur des ouvrages de chaque côté du fleuve est une querelle ancienne. Le quai dans sa configuration actuelle fut réalisé en 1840.
Après la terrible inondation de 1856, la plus grosse connue à ce jour, on le surmonta de la bordure en pierre actuelle. Dans
sa
partie sud, le long de l'avenue de Nîmes que nous empruntons, dîte "Le
Bilhot", les fonds manquèrent pour bien terminer l'ouvrage et ainsi
lors des dernières crues les anciens racontent que l'on pouvait voir
l'eau fuir à travers les joints...
On observera par ailleurs les deux inscriptions sur l'angle de la maison de la Place Pierre Ramel qui rappellent certaines inondations subies par le village, sans oublier les plus récentes posées sur la façade de la mairie. Cette partie du quai, avec ses passerelles fleuries et les frondaisons des arbres reliquat de la ripisylves du Rhône, est en parcours très agréable. On remarquera sur la droite un magnifique cadran solaire, malheureusement ce bâtiment a fait l'objet d'une restauration d'assez mauvais goût..
En
bout, le cheminement se poursuit par un passage dans la digue où l'on
constate les saignées pour la pose de batardeaux. Il s'agissait de
l'unique accès à la propriété du Marquis située sur l'île. Pour
traverser le bras d'eau, il y avait là un bac à traille privé et un gué
en été. Les escaliers, usés, et le plan incliné pour les charrois
menaient à ce bac. Sur la gauche sous la margelle, on remarquera un
témoin officiel d'une crue, et plus discrètement, le soleil faisant son
ouvrage, une inscription à la peinture jaune "avril 1962" . On réalise
ainsi combien les maisons étaient exposées à des hauteurs d'eau
impressionnantes. Les anneaux placés à différents niveaux le long des
escaliers permettaient l'amarrage des barques en fonction de la hauteur
de la crue. La digue se poursuit, mais malheureusement la végétation et
le manque d'entretien ne permettent plus d'admirer l'empierrement de
cette dernière.
Evidemment il n'y avait pas la route actuelle et l'ouvrage se
prolongeait sans interruption jusqu'à la limite avec la commune de
Vallabrègues, c'est à dire après l'actuelle centrale EDF. Jusque dans
le milieu des années 1960, côté fleuve existait l'abattoir où les
bouchers du village venaient tuer les bêtes, une autre source d'odeurs,
que complétait la décharge publique alors située à droite de la digue,
là où aujourd'hui s'élève le lotissement des Canniers.
Après
le passage sous la route, nous retrouverons un peu les paysages des
rivages de l'ancien bras du Rhône dans l'espace de la Lône. Plus
sauvage, il se constituait de bancs de sables et de graviers qui
bougeaient chaque hiver sous la force des eaux, mais en été il
s'agissait d'un magnifique plan d'eau où aimait à se retrouver la
jeunesse aramonaise, surtout masculine, pour pêcher, se baigner ou
autres...
Remontons sur la digue, sans oublier de nous retourner pour admirer la puissance du château qui domine le village. Nous arrivons alors à un nouveau franchissement de cette dernière, le chemin passant sur la crête de l'ouvrage desservait les exploitations agricoles du Quartier de Bertrand. Plus loin, sur notre droite le Mas du Lapin et son pigeonnier.
Observez bien la girouette, c'est elle qui a donné son nom à la
bâtisse! A nos pieds un magnifique escalier monte sur la digue, il
servait aux habitants du mas pour monter sur cette dernière, observer
les eaux ou rejoindre à pied leurs terres ?
Un peu plus loin, au pied d'une haie de cyprès, les restes d'une ancienne haie de cannes à la conception très originale,
que
l'on appelle "sebisso". Faites de tiges de roseaux coupées, d'environ 3
mètres : les "sebisso de canèu" (haies de cannes) étaient installées
perpendiculairement au mistral, est-ouest, et étaient ligaturées tous
les mètres sur des piquets de bois profondément fichés en terre. Au
préalable, le paysan se livrait au tressage de la "coundorso" c'est à
dire la " traverse" qui maintient horizontalement, à 1 mètre du sol,
l'ensemble de la claie. Cette partie de l'ouvrage était la plus
délicate à réaliser. Bien montée, une "sebisso" pouvait durer neuf ans.
Jusque dans les années soixante-dix, tous les champs d'Aramon étaient
recouverts de ces treillis d'un matériau naturel, qui, sur les cyprès,
présentaient l'avantage de ne pas cacher la lumière et de ne pas
réduire l'espace cultivable. L'idéal, toutefois, étant une rangée de
cyprès avec, derrière elle, des sebisso, ce qui est le cas précisément
ici.
La route de Montfrin franchit en crête la nouvelle digue érigée en 2003, suite à la catastrophe de 2002. L'ancienne digue dite de "Bertrand" se poursuit en direction de la centrale. Nous traversons, avec prudence, la route.
Marchant sur le nouvel ouvrage de protection d'Aramon, sur notre droite des jardins dominés par la haute silhouette du château, à gauche l'immense plaine de la confluence Rhône-Gardon. Des rives de Comps, à celles de Montfrin, remontant vers Théziers ce vaste territoire comprend
également une partie de la commune de Vallabrègues, aléas des déplacements du Rhône dans l'histoire obligent.
Vaste
de plus de 1000 hectares, elle était sur Aramon, jadis, le domaine des
cultures maraîchères de plein champ et des vergers. Aujourd'hui on y
trouve essentiellement de la vigne et des cultures céréalières,
économiquement plus rentables. Après avoir dépassé le chemin du Mas
Neuf, nous arrivons au chemin de la Croix de Dunan. A titre de témoin,
il a été conservé une partie du batardeau et de la digue qui existaient
en 2002.
Reprenant notre parcours, on observera que la digue devient plus basse. La partie que nous venons de parcourir est uniquement en terre et ne pourrait supporter, sans s'ouvrir, une summersion. La partie plus basse est renforcée, tant dans sa partie aval, qu'amont et en crête et peut accepter d'être submergée sans risque d'ouverture, elle est "déversante" et assure de ce fait la sécurité de la partie plus haute.
Nous arrivons au Mas de la Ritournette, construction caractéristique des zones inondables. On remarquera en effet la rampe d'accès à l'étage, qui permettait de mettre à l'abri des eaux matériel et animaux. Le rez de chaussée étant composé de remises, qui pouvait supporter une inondation sans gros dégâts.
Situé à proximité de la digue, le mas comportait, au-dessus du mur, un
cheminement sécurisé qui conduisait à une passerelle, aujourd'hui
disparue, lancée entre le mur et la digue. Cela permettait, lorsque les
eaux isolaient la bâtisse de rejoindre la terre ferme et le village
sans utiliser d'embarcation!
Un peu plus loin, sur notre gauche, au loin, le village de Théziers perché sur sa colline. A droite la voie ferrée construite en 1880, qui nous cache le quartier des Paluns avec au loin les collines des Castillones.
Ce cliché est
une belle démonstration de l'utilité de la digue (mercredi 3 décembre
2003 à 9h30).
Descendons maintenant du levadon pour passer sous la voie ferrée. Nous franchissons la "Grande Brassière". Cet ouvrage ancestral, repris en 2002, a pour vocation d'assécher les Paluns, immense dépression située au pied des Castillones d'où s'écoule le ruisseau du Réal. A l'origine, cette brassière, en plus de sa vocation d'assèchement, pouvait également être utilisée pour irriguer, depuis le Rhône, cette zone.
Sur
notre droite, le hameau du Moulon dans son écrin de verdure. Le
cheminement sous un tunnel arboré est très agréable les jours de forte
chaleur.
Après avoir rejoint la route de Théziers, tournons sur notre droite vers le quartier des Canebières. Sur notre gauche, avant le Mas de Vaquières, une falaise percée de multiples orifices abritent dès le printemps de nombreuses colonies de magnifiques "Guêpiers d'Europe".
Plus loin, à travers les frondaisons, on peut apercevoir le Château du
Plaisir que nous allons bientôt longer. Nous rejoignons ensuite la
grande palun, aujourd'hui vaste champ de céréales. Dans un passé
récent, en hiver, inondée cette partie du territoire devenait un vivier
où les pécheurs à la fouine exerçaient leur talent. Le chemin serpente
dans un paysage paisible, seulement troublé par le bruit de la voie
ferrée que nous franchissons à nouveau.
Cheminant le long de l'usine de cagettes, observons au carrefour suivant les restes, en cours de
restauration,
d'un vieux moulin à vent. C'était autrefois un secteur de maraîchage,
d'ailleurs on peut observer une pompe à piston, aujourd'hui décoration
florale, dans un jardin.
Après avoir aperçu l'horloge d'Aramon, tournez à droite pour longer le mur du cimetière Sainte Marthe où, entre autres, repose notre poète local Eugène Lacroix, dans un caveau original mais en très mauvais état. Nous traversons avec prudence l'Avenue de la Libération, la bien nommée, car elle désenclava le village. En effet face à nous la Rue J.Jacques Rousseau qui était jusqu'il y a encore une quarantaine d'années l'artère principale, autant dire qu' Aramon était alors un espèce de cul de sac, infranchissable pour camions et autocars. Nous entrons maintenant dans "Saint Jean", un des faubourgs d'Aramon construit à l'extérieur de la vieille ville et de ses remparts. A droite la Rue Jules Ferry où se trouvait auparavant l'Ecole Publique de filles, aujourd'hui remplacée par un ensemble immobilier HLM. Ce dernier s'étend également dans l'ancien hospice, dont on a conservé le portail d'entrée et les façades. Un peu plus bas à l'angle de la placette et du "Ventarrau" (lieu où le vent souffle) l'ancienne demeure du Docteur Henry Granet avec ses fenêtres à meneaux et sa poutre ouvragée.
En face la
statue de St Jean,
objet d'une cérémonie le 23 juin avant le traditionnel feu sur le
Planet. Les plus curieux pourront faire une rapide incursion dans le
passage du couvent qui garde encore certaines traces de cet édifice,
toutefois il s'agit d'une propriété privée, soyez en respectueux.
Revenant sur nos pas empruntons la rue Kléber, tout en observant le
repère de la crue de septembre 2002 qu'un propriétaire a fait sur sa
maison. Plus loin, St Joseph surveille notre cheminement, nous passons
alors devant un ancien atelier de vannerie. Une activité très
importante au début du XX° siècle, qui occupait beaucoup d'hommes tout
comme chez nos voisins de Vallabrègues qui organise chaque année une grande foire
le 1° dimanche d'Août. D'ailleurs nos deux communes, filles du Rhône,
avaient de très fréquents échanges, tant pour la vannerie, que pour la
confection des chaises et leur rampaillage.
Et nous voilà de retour sur le Planet.
Bastide Vieille. Enfin, plus tard, on éleva en 1756 la dernière chaussée, celle qui aujourd'hui longe la Centrale EDF jusqu'en limite du territoire de Vallabrègues.

Du Planet, place centrale d'Aramon, nous gravissons les escaliers qui nous conduisent sur le Quai Carnot. Il est assez difficile de s'imaginer qu'il y a encore un demi-siècle c'était là les confins du village. La digue formait une solide muraille qui protégeait Aramon des eaux. Au-delà c'était le fleuve avec l'Ile de Carlaméjean, propriété du Marquis d'Aramon. A l'opposé des escaliers, se trouvaient les restes d'un quai de déchargement, aujourd'hui situé sous

On retrouve la trace de la construction de cette digue dès 1596. Auparavant c'était les maisons qui protégeaient le village des crues, en installant des batardeaux aux ouvertures (!). Mais la construction de chaussées plus hautes en rive gauche, côté Empire obligea les aramonais à renforcer leur protection. Comme quoi la hauteur des ouvrages de chaque côté du fleuve est une querelle ancienne. Le quai dans sa configuration actuelle fut réalisé en 1840.
Après la terrible inondation de 1856, la plus grosse connue à ce jour, on le surmonta de la bordure en pierre actuelle. Dans

On observera par ailleurs les deux inscriptions sur l'angle de la maison de la Place Pierre Ramel qui rappellent certaines inondations subies par le village, sans oublier les plus récentes posées sur la façade de la mairie. Cette partie du quai, avec ses passerelles fleuries et les frondaisons des arbres reliquat de la ripisylves du Rhône, est en parcours très agréable. On remarquera sur la droite un magnifique cadran solaire, malheureusement ce bâtiment a fait l'objet d'une restauration d'assez mauvais goût..



Remontons sur la digue, sans oublier de nous retourner pour admirer la puissance du château qui domine le village. Nous arrivons alors à un nouveau franchissement de cette dernière, le chemin passant sur la crête de l'ouvrage desservait les exploitations agricoles du Quartier de Bertrand. Plus loin, sur notre droite le Mas du Lapin et son pigeonnier.

Un peu plus loin, au pied d'une haie de cyprès, les restes d'une ancienne haie de cannes à la conception très originale,

La route de Montfrin franchit en crête la nouvelle digue érigée en 2003, suite à la catastrophe de 2002. L'ancienne digue dite de "Bertrand" se poursuit en direction de la centrale. Nous traversons, avec prudence, la route.

Marchant sur le nouvel ouvrage de protection d'Aramon, sur notre droite des jardins dominés par la haute silhouette du château, à gauche l'immense plaine de la confluence Rhône-Gardon. Des rives de Comps, à celles de Montfrin, remontant vers Théziers ce vaste territoire comprend
également une partie de la commune de Vallabrègues, aléas des déplacements du Rhône dans l'histoire obligent.


Reprenant notre parcours, on observera que la digue devient plus basse. La partie que nous venons de parcourir est uniquement en terre et ne pourrait supporter, sans s'ouvrir, une summersion. La partie plus basse est renforcée, tant dans sa partie aval, qu'amont et en crête et peut accepter d'être submergée sans risque d'ouverture, elle est "déversante" et assure de ce fait la sécurité de la partie plus haute.
Nous arrivons au Mas de la Ritournette, construction caractéristique des zones inondables. On remarquera en effet la rampe d'accès à l'étage, qui permettait de mettre à l'abri des eaux matériel et animaux. Le rez de chaussée étant composé de remises, qui pouvait supporter une inondation sans gros dégâts.

Un peu plus loin, sur notre gauche, au loin, le village de Théziers perché sur sa colline. A droite la voie ferrée construite en 1880, qui nous cache le quartier des Paluns avec au loin les collines des Castillones.

Descendons maintenant du levadon pour passer sous la voie ferrée. Nous franchissons la "Grande Brassière". Cet ouvrage ancestral, repris en 2002, a pour vocation d'assécher les Paluns, immense dépression située au pied des Castillones d'où s'écoule le ruisseau du Réal. A l'origine, cette brassière, en plus de sa vocation d'assèchement, pouvait également être utilisée pour irriguer, depuis le Rhône, cette zone.

Après avoir rejoint la route de Théziers, tournons sur notre droite vers le quartier des Canebières. Sur notre gauche, avant le Mas de Vaquières, une falaise percée de multiples orifices abritent dès le printemps de nombreuses colonies de magnifiques "Guêpiers d'Europe".

Cheminant le long de l'usine de cagettes, observons au carrefour suivant les restes, en cours de

Après avoir aperçu l'horloge d'Aramon, tournez à droite pour longer le mur du cimetière Sainte Marthe où, entre autres, repose notre poète local Eugène Lacroix, dans un caveau original mais en très mauvais état. Nous traversons avec prudence l'Avenue de la Libération, la bien nommée, car elle désenclava le village. En effet face à nous la Rue J.Jacques Rousseau qui était jusqu'il y a encore une quarantaine d'années l'artère principale, autant dire qu' Aramon était alors un espèce de cul de sac, infranchissable pour camions et autocars. Nous entrons maintenant dans "Saint Jean", un des faubourgs d'Aramon construit à l'extérieur de la vieille ville et de ses remparts. A droite la Rue Jules Ferry où se trouvait auparavant l'Ecole Publique de filles, aujourd'hui remplacée par un ensemble immobilier HLM. Ce dernier s'étend également dans l'ancien hospice, dont on a conservé le portail d'entrée et les façades. Un peu plus bas à l'angle de la placette et du "Ventarrau" (lieu où le vent souffle) l'ancienne demeure du Docteur Henry Granet avec ses fenêtres à meneaux et sa poutre ouvragée.


Et nous voilà de retour sur le Planet.