
Du Planet, en entrant dans la "ville" comme disent les anciens,
admirons la
Porte
de Montfrin. Sa configuration actuelle date de 1774, époque où elle fut
reconstruite après son effondrement. Comme son nom l'indique, elle se
situe dans la direction du proche village de Montfrin. Elle dessert la
rue Henri Pitot, qui avant l'agrandissement du fossé nord du château,
était l'artère principale du bourg. La circulation devait y être bien
difficile. En face de nous, se trouve la maison natale d'Henri Pitot
surmontée des
vestiges de la tour où il effectuait ses observations astronomiques.
Sur la gauche, on observe une remarquable façade, dont une niche a été
bouchée. Sur
une ancienne carte postale, on y voit une Vierge. La petite histoire
dit que le propriétaire de la maison vendit la statue au prix d'achat
de la bâtisse...

Sur
notre droite, en face de l'église,
l'Hôtel
de Forton servit de longues années d'Hôtel de Ville. Il abrite
aujourd'hui, dans les locaux du juge de paix, la bibliothèque. Devant
nous se dresse
l'imposante façade de l'église Saint Pancrace. Continuons par la rue
Pitot, sans omettre de regarder les deux stèles funéraires incrustées
dans le mur de l'église.
Tournons à gauche dans la rue Voltaire, devant nous admirons la façade
et la
monumentale porte de l'Hôtel de Laudun. Passons sous la voûte, puis
sous deux arcs de pierre, pour emprunter un modeste escalier sur la
droite. La placette, sise en haut de la rue des Cardinaux, offre un
magnifique belvédère sur les vieux toits du village, ses terrasses et
l'imposante cheminée (250m) de la Centrale thermique.

Descendons
la
rue des Cardinaux. A l'angle de la ruelle se situait
l'ancienne maison communale. Il est à noter que le côté droit de la rue
a fait l'objet de multiples restaurations qui lui garde son
aspect originel. Malheureusement le côté gauche s'effondrant
régulièrement lors de fortes pluies était dans un tel état de
délabrement
qu'il a fallu totalement le reconstruire. Après avoir retrouvé
la rue
Pitot devant la Maison des Cardinaux, tournons sur la gauche: dans
l'angle de la placette une
statue en fort mauvais état.
Jusque dans les années 1960 cette rue Pitot était très habitée, de
nombreux commerces y étaient installés: épiceries, boucheries,
boulangeries, marchand de cycles, marchands de fruits et primeurs...
Devant leurs
maisons les rempailleuses s'activaient à faire leur chaise journalière,
les enfants jouaient dans la rue...

Le petit
espace fleuri correspond à la Porte Berline qui donnait sur le
fleuve, enfin face à nous l'emplacement de la Porte d'Avignon qui a
disparu lors des travaux
de démolition en 1981, et dont on attend toujours la reconstruction...
Sur le côté la tour du Brechet, à notre droite l'Hotel Saint Jean
qui
donne aussi sur le Quai, et enfin l'Hôtel Choisity, certainement le
plus bel édifice du village. En longeant la façade de cet hôtel nous
passerons la porte de l'Angle pour découvrir sur notre gauche
l'imposante muraille du château et son pont.
Remontons quelques mètres le Cours Mirabeau, pour tourner à droite Rue
Colonel Denfert. Immédiatement sur notre gauche un escalier en "pas de
mule" nous
conduit au pied du mur du Parc du Château, c'est la rue du Puech,
parfaitement abritée du mistral et qui donne accès aux jardins, très
bien exposés, des maisons de la Rue Colonel Denfert que nous retrouvons
bientôt. Passons à gauche sous la passerelle qui reliait auparavant les
deux parties du parc, le Couvent des Récollets en bas, et le Château en
haut. Aujourd'hui ces deux entités ont des propriétaires différents et
la passerelle est fermée, devenue inutile.

Toujours en
longeant le parc, nous passons devant la grille d'entrée
actuelle du château avant de monter sèchement l'impasse du Calvaire.
Avant d'atteindre ce dernier sur notre gauche, les restes du premier
château d'Aramon, aujourd'hui désaffecté. On comprend aisément qu'à
cette époque là (1950), il n'y avait pas une seule construction dans la
colline.
Dominant le village, seule existait la chapelle que l'on voit
encore
aujourd'hui, achevée en 1851.

Existait également un chemin de croix
avec des stations tout le long dont il ne reste rien. Ce
promontoire, alors dénudé,
a été utilisé par les troupes allemandes pour installer des batteries
anti-aériennes afin de protéger le pont sur le Rhône stratégiquement
important.
Aujourd'hui les pins ferment complètement la vue, et à peine
distingue-t-on le fleuve.
Jusqu'à sa
restauration en 1989, la chapelle était ouverte à tout vent, un tuyau
de poêle, témoin de l' occupation militaire, est resté visible pendant
de très longues années.

Le
vaste terre-plein devant la chapelle offre de très belles vues: à l'est
le Rhône coulant au pied des
collines de la Montagnette, puis la masse du Château du Roi René à
Tarascon, entre la cheminée de l'usine à papier et les éoliennes, face
au Château de Beaucaire. Devant nous les toits des "Bourgades" et de
la partie est du vieux village, le parc du château et le promontoire où
se trouvent les ruines d'un ancien moulin à vent. A l'ouest enfin la
voie
ferrée coupant la campagne en direction de Théziers, à nos pieds les
maisons construites au moment de l'implantation de la centrale EDF, et
enfin la verdoyante Palun. A peu près à l'emplacement de la
voie ferrée se situait au XVI° siècle la "chaussée vieille" et le Rhône
devait couler à proximité. Les apports alluvionnaires de ce dernier ont
alors entraîné un exhaussement du sol, côté fleuve, ce qui expliquerait
la dépression des Paluns...

Par un petit sentier on rejoint le Chemin de la Croix de Gabure, cette
dernière, fort bien conservée se dresse à notre gauche.

A son
niveau, suivre le GR qui descend vers la nouvelle zone d'habitation du
village. Jusqu'aux inondations meurtrières de 2002, le chemin
serpentait dans la garrigue, et l'interdiction totale de construire en
zone inondable, a entraîné le renforcement de l'urbanisation des
collines, en particulier dans ce secteur. En montant, au-dessus des
constructions le paysage se dégage vers l'est: la Montagnette, les
Alpilles et le relais de la Caume dans une échancrure, Barbentane,
Avignon et le Palais des Papes, et au loin les Monts du Vaucluse qui se
prolonge à l'ouest par le célèbre Mont Ventoux à l'aspect si
caractéristique. Bientôt le GR devient un fluet sentier caillouteux qui
se
faufile au milieu de la garrigue. A nouveau un magnifique
panorama s'offre au promeneur: sur la gauche le château de Beaucaire,
puis le site de l'Abbaye de St Roman, devant nous le Mt Couvin et son
château d'eau le plus haut de la commune, au loin le bord du plateau
des Costières, les tours de la ZUP Nord de

Nîmes, la
silhouette
remarquable du Pic Saint Loup, le village de Théziers et son Castellas,
au loin les contreforts cévenols, à nos pieds les Paluns encerclées par
le "Fer à cheval" territoire d'excellence pour la production de vins
Côtes du Rhône. Nous sommes ici sur l'ancien chemin, qui à travers les
collines, reliait les villages d'Aramon et de Saze.

Un peu plus
loin le sentier change de versant et l'on peut observer à
droite une des capitelles restaurées d'Aramon. Nous arrivons bientôt à
un passage avec un affleurement rocheux, c'est le "Portail de Taoule
Messe". On y remarquera les marques très visibles des roues des
charrettes qui pendant des décennies empruntèrent les lieux. Nous
entrons
ici dans la zone de garrigue certainement la plus fertile de la
commune,
d'où son nom

"Taoule Messe"
que l'on peut traduire par "Table mise".
D'ailleurs dans le cadre du maintien de la faune, la société de chasse
d'Aramon laboure et ensemence un certain nombre de terrains abandonnés,
comme nous pouvons le constater peu après. Au prochain carrefour de
piste, nous laisserons la variante courte sur notre droite pour
continuer par le "Chemin de Saze" quasiment étouffé par la végétation.
Le franchissement de la chaîne des Castillones se fait au "Portail de
Plane d'Oume", les traces des charettes ont disparu sous les remblais
lors de l'aménagement de la piste DFCI, mais n'ont pas été détruites.

Cette plaine,
ancienne propriété agricole, est en grande partie
maintenant du domaine communal, une tentative de plantation forestière
il y a une vingtaine d'années n'a pas donné les résultats escomptés...
Sur notre gauche se trouvent l'éolienne, la cabanne des chasseurs, et
une
capitelle, plus au loin un paysage marqué par la cicatrice de la
ligne TGV. Au nord, les vignes ont une fois de plus supplanté les
autres cultures. Notre cheminement continue dans un bosquet de pins
avant de repartir plein est vers les Castillones. La montée sur les
hauteurs nous ramène au Quartier de l'Homme Mort, où aboutit plus
directement la variante abandonnée précédemment. En observant bien, sur
la droite et sur le petit épaulement on aperçoit une des capitelles du
circuit éponyme. Une belle piste redescend vers la vallée du Rhône.

Profitons de
quelques
échappées sur notre gauche pour voir le fleuve et Barbentane,
le Pont d'Aramon est dans notre axe, encore une belle plantation
d'oliviers avant d'arriver sur le Circuit des Capitelles.
Nous entrons alors dans les premières maisons, à la voie de chemin de
fer, tournez à gauche pour passer sous cette dernière. Au rond-point,
dédié au fondateur de l'industrie pharmaceutique sur notre village,
orné d'une "capitelle", nous ne suivrons pas le parcours décrit dans le
topoguide, mais nous partirons à la découverte de quelques traces
laissées par le Rhône dans cette partie autrefois agricole et
régulièrement inondée.

Avant le
café de la Gare (ex buvette du Bac), au pied d'un ancien
cabanon, aujourd'hui restauré, un vieux repère de crue est toujours en
place, on remarquera qu'au cours des années l'altitude
du point a varié ...
En continuant notre cheminement sur le trottoir de l'Avenue
Général de Gaulle, nous arrivons à l'angle de l'Hôtel des Platanes qui
a lui seul porte tous les symboles de l'histoire tumulteuse d'Aramon et
du Rhône, pas moins de 4 repères de crues sont posés, et encore elles
sont très loin d'y être toutes matérialisées. Devant nous la route
s'élève pour franchir le "lévadon", remarquons le magnifique batardeau,
gros massif de pierre entaillée pour fermer l'ouverture.
Sur la droite, le petit pan de digue porte le nom de "La Réparation"
certainement en souvenir d'une rupture de la protection.

En empruntant le
quai de la Liberté nous retrouvons une agréable
promenade, un peu plus loin la place Hoche, il y a encore quelques
décennies un fossé d'écoulement des eaux pluviales longeait le pied de
la digue et le quartier portait alors le nom très imagé de
"sauteroussau". De l'autre côté de la digue, les arènes municipales
très typiques et d'ailleurs classées Monument Historique. A la belle
saison, sous les frondaisons de ses magnifiques platanes se déroulent
de nombreuses manifestations taurines, dont les célèbres courses
camarguaises.

On
remarquera; au niveau de la montée sur la digue, la présence de part
et d'autre de cette dernière, de deux tuyaux. En effet, lorsque le
Rhône était gros et la martellière d'évacuation des eaux de pluie
fermée, toute chute de pluie n'avait plus d'exutoire naturel. Sauf à
laisser "sauteroussau" s'inonder, il fallait les évacuer. Il existait
une station de pompage qui permettait, par ces deux tuyaux de les
évacuer. D'un fonctionnement parfois aléatoire, elle n'en resta pas
moins indispensable jusqu'aux aménagements sur le Rhône, avant d'être
finalement détruite.
Continuant sur la promenade du quai, nous passons devant l'Hôtel
Saint
Jean et sa tourelle, dont nous avions vu la façade arrière au début de
la randonnée rue Pitot. On notera le charme de ces maisons, abritées du
mistral ce qui est très agréable en hiver. Nous retrouvons la
placette de la Porte Berline, avant de passer devant l'ancienne Clastre
et son mur marqué par les boulets des guerres de Religion, puis l'Hôtel
de Posquières et une vue sur le clocher. En contre-bas un portail ferme
l'ancien passage de la "Saunerie", passage où devait se situer la
chambre à sel décrite dans mains ouvrages sur l'histoire d'Aramon.
Encore quelques mètres et nous rejoignons les escaliers qui descendent
sur le Planet, notre point de départ.